Pourquoi l'immobilité prolongée dans les postures?

07/09/2013 11:31

 

Voilà l'occasion de comprendre un aspect essentiel du yoga, tant au point de vue de la technique que

de l'explication des effets bénéfiques profonds des âsanas. Une condition essentielle caractérise les âsanas

et les distingue de toute autre activité physique, c'est l'immobilisation prolongée dans une attitude déterminée.

Le yoga permet l'étirement des muscles  par des mouvements lents accompagnés d'une passivité des muscles

soumis à l'étirement et d'une concentration mentale (ou intériorisation)  dans la zone étirée.

Voyons maintenant les autres conditions psychophysiologiques qui imposent aux âsanas une immobilité

prolongée, sans laquelle les postures ne produiraient pas leurs effets vraiment bénéfiques.

Examinons d'abord les aspects corporels de l'immobilité et son retentissement profond sur l'organisme.

 

Le débutant au même titre que l'adepte avancé, dans quelque position de yoga qu'il se trouve,

doit s'immobiliser rigoureusement, se transformer en "statue qui respire."

Si, à la rigueur, une immobilité relative peut suffire pour produire certains effets physiologiques que nous

citerons d'abord, l'immobilité absolue, rigoureuse est requise.

A de rares exceptions près, les âsanas agissent d'une manière ou d'une autre sur la colonne vertébrale,

la pliant vers l'avant, la courbant vers l'arrière, la tordant, déclenchant des réactions profondes au niveau

de la moëlle épinière et de la chaîne du système nerveux sympathique qui la longe de chaque côté.

Toute flexion agit donc puissamment sur la moëlle, sur les racines nerveuses importantes qui  quittent

l'épine dorsale aux trous de conjugaison des vertèbres, ainsi que sur la chaîne  sympathique.

Effets sur les viscères

Mais la nature a prévu un système de sécurité pour éviter que chaque mouvement du corps

ne provoque des réactions au niveau des viscères.Que deviendrions -nous si en nous penchant vers l'avant

pour ramasser un objet au sol, nous déclenchions à chaque fois une réaction de l'intestin, du foie,

de l'estomac !!!!! Les mouvements normaux, même violents, n'ont donc pas d'action directe au niveau des

viscères, car ceux-ci ont des réactions lentes.

Par contre si l'on immobilise le corps dans une position déterminée agissant sur une racine nerveuse reliée

à tel organe ou à un groupe d'organes après un délai de réaction de l'ordre de plusieurs secondes au moins,

une réaction se produit dans l'organe. Plus l'immobilité sera prolongée, plus l'action sera intense et durable;

c'est ce qui est réalisé systématiquement dans les âsanas.

Cela nous montre que nous nous trouvons en yoga dans une situation inhabituelle  parce les postures

ont toujours des effets bénéfiques pour peu qu'on les "tiennent" dans l'immobilité.

L'immobilité, et elle seule d'ailleurs, permet d'agir sur les viscères profonds .

Ce facteur "d'immobilité" est donc d'application constante dans les postures de yoga et concerne

chaque adepte, débutant ou chevronné.

pas d'immobilité=pas de réaction viscèrale

Une même flexion de la colonne vertébrale aura donc des effets très différents selon qu'elle soit

effectuée pendant un temps court, même à répétition ou pendant une minute ou plus.

 

Effets sur la circulation sanguine

L'immobilité dans une attitude déterminée modifie profondément la circulation sanguine

ainsi que la circulation lymphatique.Chaque posture modifie la circulation sanguine principalement

par gravitation. L'utilisation systématique de la pesanteur pour influencer la circulation sanguine

est un élément essentiels des âsanas.Chaque âsana conditionne la circulation sanguine d'une façon

particulière et celà, en grande partie, grâce à l'immobilité qui permet à l'attraction terrestre de jouer

son rôle,  le sang a tendance à s'accumuler dans les parties  basses du corps.

Devant l'attraction terrestre, le débutant et le yogi chevronné se trouvent à nouveau dans

la même situation. Il suffit, pour convaincre un non-initié de lui demander de lever  le bras à la verticale

pendant quelques secondes, puis de ramener les deux mains côte à côte sur la table: la main

qui a été levée sera toute pâle et exangue et l'autre aura son teint normal. Aucune goutte de sang

n'échappe à l'action de la pesanteur. Par conséquent, pendant une immobilisation plus ou moins longue

l'ensemble de la masse sanguine s'adapte à la situation particulière  du corps.

Les âsanas ont pour effet de diriger du sang vers certaines parties du corps, généralement des zones

qui ont un besoin urgent d'irrigation sanguine supplèmentaire.La pesanteur agit d'une façon douce,

continue, uniforme, sans requérir d'autre effort de la part de l'adepte que celui qui est nécessaire

pour demeurer dans l'âsana.

 

Effets sur la circulation lymphatique

Parlons maintenant de la circulation lympatique, cette "Cendrillon" de notre physiologie.

Peu de personne se soucient d'elle , pourtant, elle est presque plus importante que la circulation sanguine  elle-même.

La lymphe est en fait du sang moins certains constituants( globules rouges notamment)

Entre le sang qui n'atteint pas directement les cellules , et ces dernières baignées dans leur liquide vital,

la lymphe fait  figure d'échangeur très actif. La circulation lymphatique draîne le liquide instertitiel et le ramène

à travers son réseau circulatoire propre.Le réseau lymphatique est une ligne de défense essentielle

à l'intérieur de la forteresse corporelle.

Notre réseau de circulation lymphatique est notre muraille de Chine. Ce rempart fortifié est essentiel

à notre véritable santé.

La circulation lymphatique conflue vers le cou  où se trouvent ses canaux les plus importants.

Ce facteur ne peut guère être influencé, même ,  mais

d'autres facteurs influencent cette circulation:

- les contractions musculaires

-la respiration

-l'activateur yogique

 Les contractions musculaires  refoulent la lymphe dans le circuit  lymphatique, si la circulation

lymphatique se fait mieux, chacune de nos cellullles gagne en vitalité

(vitalité dépendant du renouvellement plus ou moins rapide du liquide)

La respiration

A chaque inspiration, la dépression crée dans le thorax produit une succion sur l'ensemble du réseau

de la circulation lymphatique , tout comme sur la circulation veineuse de retour.La respiration yogique,

complète, lente et profonde , est donc l'un des activateurs principauxde la circulation lymphatique autant que

la circulation veineuse de retour.

Signalons que , lorsqu'on adopte une posture de yoga et qu'on demeure immobile pendant un temps prolongé

la respiration s'adapte à la posture. Ainsi, si dans certaines postures, on peut éprouver une certaine gêne

respiratoire due à la compression  on peut constater que le centre de gravité de la respiration se déplace

et s'adapte à la posture: se localise par exemple dans les flancs et dans le dos.

L'activateur yogique

A ces facteurs d'activation, le yoga ajoute le facteur gravitation. Grâce à la pesanteur, la pratique des âsanas

étend ses répercussions profondes sur le corps.Sans doute, cette action explique t-elle en partie comment des

"exercices" en apparence aussi simples  provoquent des résultats importants dans l'organisme.

Les "niveaux"  d'immobilité

Trois niveaux d'intensité croissante peuvent être distingués:

    -premier degré

immobilité de 1 à 2 minutes

    -degré moyen

l'immobilité est graduellemnet augmentée chaque semaine de quelques secondes pour parvenir à 3 ou 4 minutes

    -degré supérieur

travail en endurance, de 5 à 15 minutes

Courage à chacun pour développer son "endurance" dans le confort de la posture!

 

Conclusion

L'immobilité est un élément caractéristique et indissociable des âsanas , puisque c'est elle  qui,

en fin de compte, leur confère leur qualité d'âsanas par rapport aux exercices physiques quels qu'ils soient.

il est donc essentiel de l'observer aussi rigoureusement que possible. Elle est accessible d'emblée à tout adepte

ou yogi débutant, et,  à tout moment de sa pratique,  le yogi doit s'en rappeler l'importance et s'efforcer de se

rapprocher de l'immobilité d'une statue qui respire.

 

Extrait du livre de André Van Lysebeth