Dans la posture, "Sans effort", "sans forcer" où est la différence

05/11/2014 16:00

 

"Est une asana, toute position du corps maintenue immobile, longtemps, sans effort (sans forcer ?) 

 en contrôlant le souffle et le mental."

 
En rappelant cette définition, qui énumère les conditions d'exécution des postures yogi, devant un groupe de 
pratiquants, un participant posa  la (bonne) question suivante : 
« quelle différence y a-t-il entre  « ne pas forcer » et « sans effort » ?
 
Pour saisir la différence essentielle entre ces deux concepts, il est indispensable de rappeler la situation des 
muscles pendant les postures.
Dans pratiquement toutes les postures de yoga, sauf, par exemple la pose sur la tête, certains muscles ou 
groupes de muscles sont étirés, tandis que d'autres, au contraire, ont pour mission de maintenir le corps 
dans la posture choisie.
Nous connaissons la règle d'or du yoga en ce qui concerne l'étirement des muscles : il s'agit de n'étirer que
 des muscles qui acceptent cet étirement. Sachant que chaque muscle à sa limite d'élasticité normale,
 dès qu'on atteint et qu'on ne veut pas dépasser cette limite et "ceci est la règle en yoga ", la musculature 
peut soit l'accepter donc se prêter à cet étirement soit se méfier, donc de résister, car l'intelligence du corps
 sait fort bien qu'un étirement trop prononcé et surtout trop rapide, peut le traumatiser.
Dès qu'on arrive à la limite d'élasticité, le muscle en question est en alerte et prêt à se défendre, 
ce qu'il fait en se contractant.
 
Pour qu'il se prête à cet étirement, il faut l'intervention du mental. D'abord, on exécute la posture jusqu'à ce 
que l'on atteigne la limite d'élasticité du ou des muscles mis en cause.
Il n'est pas difficile de la découvrir car aussitôt une résistance est ressentie, et, si l'on va au-delà, on perçoit 
nettement "un étirement agréable "pourvu qu'on agisse correctement. Il faut surtout procéder avec lenteur et
douceur car l'intelligence du corps se méfie des mouvements brusques, tandis qu'au contraire la lenteur le 
rassure. Puis, dès que la limite est atteinte, on s'intériorise dans le ou les muscles  visés et, en utilisant le 
souffle,notamment par la technique de l'expiration ralentie,  on attend que les muscles se détendent tout 
seuls et acceptent d'aller plus loin. Là, le mental joue un rôle important, en demeurant bien intériorisé 
et en rassurant les muscles ( qu'on le croit ou non les muscles comprennent !)
Au contraire, « forcé » signifie tout simplement contraindre par la force un muscle qui résiste, donc non 
détendu, à s'allonger.
Dans la gymnastique suédoise, ancienne formule, on procédait par mouvements saccadés et répétés en vue 
d'assouplir les muscles. Tout ce qu'on réussissait par cette méthode, c'était de les traumatiser.
 
Par exemple, en partant de la position debout, je me souviens que notre prof de gym au collège, nous 
demander de toucher le sol avec les doigts, sans fléchir les jambes, bien entendu, ....donc de faire une pince 
debout en quelque sorte. Si on n'y parvenait pas,on poussait les mains par saccades vers le sol. 
Ceci est typiquement de l'anti- yoga. 
En yoga, pour faire la pince debout, on incline le tronc vers l'avant et, en respirant calmement, on  relaxe les
 muscles de la colonne vertébrale dont on sent qu'ils sont étirés,et on laisse la pesanteur agir. Le poids même
 du tronc attire, progressivement et lentement, les mains vers le sol, et la musculature dorsale accepte 
l'étirement si on laisse les choses se faire, si on se détend et si on respire.
C'est donc simple : il ne faut jamais forcer un muscle à s'allonger tant qu'il se défend contre l'étirement.
 Simple, en théorie: en pratique cela se complique ! 
Prenons le cas de la pince classique au sol, qui est une posture d'étirement pur, puisque son nom sanskrit
 signifie "l'étirement de la face arrière du corps", donc des talons à la nuque. Si vous examinez la photo de 
l'adepte installé dans la pince, on distingue d'une part les mains qui accrochent les gros orteils tandis
 que les bras se contractent pour attirer la tête vers les pieds. Les bras sont donc actifs, tandis que 
le dos et passif. Oui, mais, mais quand les bras tirent, certains muscles (le trapèze et les deltoïdes 
par exemple) sont en action et participe à l'étirement. 
Or, le trapèze est un grand muscle superficiel,  juste en dessous duquel il y a les muscles dorsaux qui doivent 
être étirés, donc qui doivent l'accepter. C'est là qu'il faut de la concentration, une intériorisation attentive 
pour dissocier les muscles du trapèze et les deltoïdes dont la fonction est de contribuer à attirer la tête vers
 les pieds, donc qui sont nécessairement en contraction, et les petits muscles courts et obliques, très résistant
 directement relié aux vertèbres, qui doit subir l'étirement et l'accepter pour respecter le « sans forcer »
 
 
Pour résumer les muscles superficiels travaillent, donc sont contractés volontairement, tandis que, juste sous
 eux, il y a les muscles profonds qu'il faut étirer sans les forcer. On le voit, si le principe est simple, 
l'application de l'est pas toujours et c'est dans cette prise de conscience et cette capacité cité de dissociation 
des diverses couches musculaires que se situent les progrès de l'adepte, et non dans le fait brutal d'une 
meilleure exécution de la pince visible de l'extérieur. 
Quand on pratique tous les jours, le réflexe de défense de sces muscles s'estompe car ils 
savent (les muscles ont une mémoire) qu'on ne les brutalisera pas.
 
La même situation se reproduit par exemple, dans le cobra. Les bras sont actifs et repoussent les épaules
 vers l'arrière, donc certains muscles du dos sont contractés, alors que les muscles profonds de la partie 
dorsale de la colonne vertébrale doit subir sans protester la pression ainsi produite.
 
Certaines postures requièrent un véritable effort musculaire, comme la sauterelle par exemple. Dans cette
 posture ,le soulèvement des jambes se produit notamment par une très forte contraction des muscles 
lombaires superficiels. 
Il y a un véritable effort de la part de ces muscles, surtout si l'on tient la posture pendant plusieurs respirations. 
Par contre les muscles des cuisses et les muscles profonds de la colonne vertébrale doivent être détendus.
 
Ces quelques lignes devraient, je l'espère, clarifier la différence entre le concept « effort » et la notion « forçer »,
 dans le sens d'étirer de force un muscle qui se défend. Et tant pis si je me répète, le secret consiste dans une 
exécution très lente pendant la prise de la position et une fois installé dans la posture, à rassurer le muscle, 
afin qu'ils ne se rebiffe pas contre l'étirement au-delà de sa limite habituelle. En procédant ainsi, chaque jour, 
la limite d'élasticité des muscles recule d'un rien, ce qui fait que, le temps aidant, en s'assouplit.
Il m'arrive souvent de dire que si on ne gagnait qu'un millimètre par jour ce qui est vraiment peu de chose, cela 
ferait 36,5 cm à la fin de l'année et après 10 ans…....
 
Il y a un truc
 
Reprenons le cas de la pince classique au sol, exécutons la,  de la façon habituelle afin de pouvoir comparer le 
résultat du « truc » proposé. Puis en ayant les mains en position , donc les gros orteils enserrés,  
relaxons nous, affalons nous vers les jambes donc sans tirer avec les bras. 
Puis quand on est bien détendu (bras, trapèze, deltoïde et dorsaux) , prudemment contractonsles muscles 
des avant-bras puis des bras et progressivement sentons les muscles « tracteurs » se contracter 
mais restons conscients des muscles profonds évitons de les impliquer dans la contraction .
 
Ceci dit, précisons quand même,  que la souplesse n'est pas un but en soi. Les yogis considèrent que toute 
articulation qui n'est pas parfaitement libre, constitue un obstacle à la libre circulation des énergies subtiles,
 à tous les niveaux du corps. Or des articulations libres impliquent que les muscles aient la longueur requise.
 Des muscles raccourcis par le manque de mouvement et la sédentarité, bloque plus ou moins les 
articulations, donc contribue à réduire la vitalité de la personne.
Ce n'est pas un hasard si l'organisme vieillissant perd, avec l'élasticité de la prime enfance, la vitalité de la 
jeunesse.
 
Jeunesse et beauté, souplesse et santé, telles devraient être les caractéristiques du vrai yogi et c'est la 
pratique même du yoga qui doit lui procurer tout cela.
Beau programme en effet, mais dont la réalisation  dépend du temps qu'on lui consacre.
Il n'y a pas de miracle, il faut pratiquer !!!!!!!!
 
Extrait de la revue "Yoga" de André Van ILysebeth